Un couple de Tayra pendant notre sortie du jour !

Ce superbe mammifère, appelé aussi Martre à tête grise, est un mustélidé, au même titre que les Loutres et le Grison en Guyane.
A la différence des loutres, les Tayra sont terrestres et arboricoles !
Elles sont particulièrement bien équipées pour évoluer dans les arbres, montant régulièrement à des hauteurs remarquables, jusqu’en canopée !
Ses pattes puissantes et ses longues griffes lui permettent de monter et descendre des arbres avec aisance et sa longue queue touffue caractéristique lui offre l’équilibre pendant ses déambulations dans les arbres, tout comme les saïmiri.

Que mange t-elle ?

La Tayra est un grand prédateur, derrière les emblématiques félins, elle fait figure de grand danger dans la forêt pour de nombreuses espèces !
En effet, ce mustélidé a un régime très vaste (omnivore) et va se tourner à la fois vers des vertébrés et invertébrés : mammifères, oiseaux, reptiles, arthropodes mais aussi des fruits, des œufs et du miel.
Les proies ne sont généralement pas très grandes ( nous l’avons observés l’année dernière chassant un lézard Ameiva Ameiva d’une vingtaine de centimètres) mais dans d’autres pays d’Amérique du sud, plusieurs observations de tentatives de prédation de singes ont été notées (notamment Tamarin à mains dorées et Saïmiri) bien qu’il n’y a eu aucune preuve de prédation réussie.

Les proies semblent être repérées essentiellement par l’odorat, la vue n’étant pas très bien développée. Ils utilisent leurs griffes pour creuser, retourner le sol, le bois, les pierres ou arracher l’écorce des arbres afin de débusquer des proies. Ils parcourent jusqu’à 7km par jour à la recherche de nourriture !

Période d’activité ?

La Tayra se rencontre régulièrement de jour en Guyane, étant particulièrement actif entre l’aube et le crépuscule. Cette activité diurne pourrait s’expliquer en partie par le fait que la plupart des éléments de son régime alimentaire sont mieux détéctés la journée (les proies aux mœurs nocturnes sont chassés à l’aube et au crépuscule ) et par la présence la nuit d’autres prédateurs de tailles moyenne avec qui elle éviterait ainsi la compétition.
Pendant ses temps de repos, elle peut utiliser des cavités dans les arbres ou des terriers.

Faits étonnants :

Les Tayra ont été observés entrain de cacher de la nourriture dans le but de la consommer plus tard. Jusque là, rien de très étonnant, étant un comportement déjà observé chez les écureuils, Géai, pics et bien d’autres espèces.
Cependant, les observations de mise en cachette ici concernent des fruits non murs suggérant une volonté de bénéficier d’une source de nourriture avant qu’une forte concurrence n’ait lieu !
En effet une grande variété d’animaux rentrent en compétition pour les fruits mûrs, et les Tayra interviendraient avant, en choisissant avec précision les stades de maturation de ces fruits pour la mise en cache, non seulement pour éviter la compétition mais aussi peut être en s’assurant qu’ils continuent leurs processus de maturation pendant la mise en cache!
En effet les Tayra n’ont pas les bactéries symbiotiques dans leurs systèmes digestifs nécessaires à la digestion de fruits non mûrs.

Ainsi, à la différence de (quasi) tous les autres animaux qui cachent de la nourriture, les Tayra cachent de la nourriture qu’elles ne peuvent pas consommer au moment où elles les cachent !

Se posent ainsi les questions de la capacité de se souvenir de l’emplacement des cachettes, du type d’aliments mis en cache et donc de leur processus de maturité.

Ce qui génère dans la communauté scientifique de vifs débats sur la capacité a anticiper l’avenir, faire des choix et des actions individuelles avec des projections dans le temps.
Un exemple de plus de comportements qui suggèrent de multiples capacités cognitives complexes chez ces animaux encore peu connues et comprises.

Des menaces pour l’avenir de cette espèce :

Les prédateurs « naturels » connus de la Tayra sont le Jaguar, l’Ocelot, la Harpie et très probablement le Puma, mais aucun de ces prédateurs ne menacent l’avenir de la Tayra dans son milieu naturel.

Comme de nombreuses espèces, c’est la disparition et la fragmentation de leur habitat qui est la cause de la chute de population des Tayra en Amérique du sud.
Certaines sont encore prélevées dans la nature pour être mises en domestication.

POUR EN SAVOIR PLUS / SOURCES

Eira barbara. Article in Mammalian Species · September 2009. S TEVEN J. PRESLEY , PROGRAM IN ECOLOGY AND CONSERVATION BI –
OLOGY , D EPARTMENT OF BIOLOGICAL SCIENCES , T EXAS T ECH U NI-
VERSITY , LUBBOCK 79409-3131

MAMMALIAN SPECIES No. 636, pp. 1–6, 3 figs. Eira barbara. By Steven J. Presley. Published 12 May 2000 by the American Society of Mammalogists

Activity patterns of tayra ( Eira barbara ) across their distribution
Article in Journal of Mammalogy · January 202.Lana Resende de Almeida

Behaviour of the Tayra Eira barbara near Medellín, Colombia: preliminary data from a video-capturing survey. Carlos A. DELGADO-V, Andrés ÁRIAS-ALZATE, Sebastián BOTERO andJuan D. SÁNCHEZ-LONDOÑO

Prospective thinking in a mustelid? Eira barbara (Carnivora)
cache unripe fruits to consume them once ripened. Fernando G. Soley & Isaías Alvarado-Díaz. Published online: 8 July 2011

Tayra (Eira barbara) landscape use as a function of cover types, forest protection, and the presence of puma and free-ranging dogs.
Rita Bianchi. Julianna M. A. Jenkins. Damon B. Lesmeister. Jéssica Abonízio Gouvea. Clarice Silva Cesário. Larissa Fornitano. Mateus Yan de Oliveira. Kimberly Danielle Rodrigues de Morais. Renan Lieto Alves Ribeiro. Matthew E. Gompper