Les préserver c’est s’offrir plus d’équilibre et de résilience au jardin tout en protégeant des espèces en voie de disparition!
Constat :
De nos jours, que ce soit dans les villes, les champs, les forêts et dans nos jardins, dès que l’on voit un arbre mort on lui fait la peau (enfin l’écorce…) on le rase et on l’évacue.
👉Pourquoi ?
Certains parce qu’ils pensent qu’ il prend de la place alors qu’il ne sert plus à rien, d’autres parce qu’ils ont peur qu’ils tombent, les agriculteurs les rasent pour plus de surface cultivable et plus de facilité à circuler avec leurs engins, d’autres, mairies ou particuliers les rasent car ce n’est pas esthétiques… Chacun à son excuse, mais trop peu comprennent les conséquences dramatiques de cette guerre contre un phénomène faisant pourtant partie du cycle de la vie de nos écosystèmes, et nécessaire à leur bonne santé.
👉Laissez moi vous conter ce que représente un arbre mort et ensuite chacun leur laissera, ou non, une place et sensibilisera, ou non, autour de lui :
Un arbre mort profite à / nourris / héberge jusqu’à 1000 espèces différentes !
👉Il est aujourd’hui admis qu’un quart de la biodiversité forestière est directement liée aux bois morts. Les enlever c’est entraîner une chute en domino de la biodiversité, des plus petites espèces quasi invisibles jusqu’aux plus remarquables…
👉Une forêt où les arbres ont pu vieillir sans être systématiquement abattus, ou des arbres morts sont laissés sur pied ou au sol est une forêt plus riche en biodiversité et plus résiliente face aux aléas qu’elle rencontre qu’une forêt qui en est privée. Il n’est pas dénué de sens, si ce n’est logique, de faire le parallèle dans nos jardins.
👉Ils représentent des ressources et habitats incroyablement propices pour la faune, la flore et la fonge (champignons) en plus de jouer de nombreux autres rôles écologiques à l’image du cycle du carbone, la production d’humus, la structuration et stabilisation du sol.
👉Ici on se consacrera sur les différents rôles (non exhaustifs) en faveur de la faune :
👉Le bois mort, ou même vieillissant, va proposer des micro-habitats bien plus attractifs pour la faune qu’un jeune arbre en pleine santé.
👉Et tout spécialement les cavités qui se forment à mesure du vieillissement de l’arbre et des aléas qu’il rencontre (branches qui tombe, foudre, maladie, etc)
👉Certaines pas encore bien formées vont profiter au développement des champignons. A chaque stade de la création de la cavité va arriver un cortège invertébrés, insectes saproxylophages, des longicornes sur des petites branches mortes jusqu’aux cétoines dans les grandes cavités où la décomposition se transforme déjà en terreau.
👉Une cavité de 2 à 3 centimètres va déjà profiter aux mésanges (bleue, huppée, boréale, nonnette, noire et charbonnières), aux Sittelle Torchepot qui n’ont pas attendu du l’Homme pour créer du torchis : elle porte ce nom (« torchepot »)car elles sont capable de façonner le trou d’envol de manière à le réduire à la taille souhaitée en faisant un torchis.
👉La photo ci dessous montre un grand arbre avec l’écorce qui se décolle. Cela constitue une abri très apprécié pour de nombreuses espèces :

👉Vous vous doutiez que les papillons y trouvent refuge lors d’intempéries ? Que les chauves souris s’y reposent la journée avant de chasser vos moustiques à la tombée de la nuit ? Que des salamandres et autres amphibiens s’y réfugient voir y passent une partie de l’hiver ?
👉Dans cet arbre, à la base de cette grande écorce décollé j’ai découvert un nid de grimpereau des jardins, ce schémas d’écorce décalé du tronc sur les vieux arbres représente le lieu idéal de nidification pour ce magnifique petit oiseau qu’on reconnaît aisément à sa faculté de grimper le long des troncs. Le troglodyte mignon aurait pu également y faire son nid.
👉Un peu plus haut sur ces deux arbres il y a des trous de Pics : Ces oiseaux magnifiques ont la capacités de percer le bois grâce à leur bec puissant et leur morphologie adaptée (voir article sur le pic noir) soit pour se nourrir des insectes déjà présent sous l’écorce soit pour créer eux même leurs cavités pour y poser leurs œufs à la saison des amours.
👉Mais pour cela il leur faut des arbres vieillissants ou morts. Les pics dépendent de ces vieux arbres à qui ont fait la guerre, et de nombreux oiseaux cavernicoles dépendent en partie des pics pour leurs cavités : Le Pic Noir creuse notamment des cavités tellement larges qu’elles fournissent un nid pour notre chouette forestière, la Hulotte. (Article ICI) Mais l’étourneau sansonnet profitera également des cavités des Pics, la chouette chevêche en milieu ouvert, les choucas des tours, le rollier d’Europe…
👉De plus la raréfaction de bois morts dans les forêts où la gestion du bois ne prend pas en compte ce paramètre mène à la disparition des Pics, à l’image du Pic Tridactyle dans les forêts Subalpine suisse alors qu’il est un régulateur très efficace contre certains parasites des arbres qui ont alors le champs libre.
👉De même dans nos campagnes, avec le remembrement et l’arrachage des haies, les vieux arbres comme la photo ci dessous ne permettent plus à la Huppe Fasciée ou à la Chouette Chevêche de se reproduire.

👉Mais c’est aussi réduire les chances d’avoir des coccinelles, forficules (pince-oreilles), papillons, abeilles, guêpes solitaires, et j’en passe des insectes que l’on souhaiterait pourtant dans nos cultures.. 👉Les mammifères sont également très friands de cavités que proposent les vieux arbres, représentant des lieux propices et sécuritaires soit pour l’hibernation (loir, lérot, muscardin) pour la reproduction pour les écureuils qui auraient vu leurs nids détruits par les intempéries ou en prise aux prédateurs, ou encore un lieu de repos idéal pour la martre, la fouine voir la genette et le chat sauvage pour les cavités basses. Les chauves souris trouvent refuge dans les cavités plus hautes ou entre les écorces comme vu plus haut. D’autres comme la musaraigne, le hérisson, se nourrissent de nombreuses espèces saproxylophages.
👉La couleuvre d’esculape viendra visiter les cavités en grimpant avec beaucoup d’agilité à la recherche d’insectes, micromammifères, œuf ou oisillons.
👉Certaines abeilles sauvages qui ne sont pas fouisseuses occupent très régulièrement les cavités des arbres (en plus d’observation de ce phénomène en milieu forestier, elles utilisent également nos nichoirs à oiseaux 😉 )
👉De très nombreux coléoptères se développe, à différents stades, dans le bois morts et utilisent les champignons pour différer la cellulose et la lignine dont ils se nourrissent.
👉Les invertébrés, si peu connus et mal aimés du grande public, représentent en faite, l’essentiel de la biomasse animale sur terre, ils ont pourtant un rôle vitale dans le recyclage de la matière organique, la création de l’humus, la décomposition du bois, la transformation des corps morts etc.. 👉Leurs mauvaises réputations et la disparition du bois morts ne fait qu’accélérer la menace de leurs disparition, déjà bien avancée dans certaines zones…
👉N’oublions pas, s’ils disparaissent, ils emmènent tout leurs prédateurs avec eux. Certains ont eu la chance de voir, petits, de nombreux lucanes cerf-volant cet insecte incroyable, dont la disparition à l’œuvre ne fait qu’imager nos propos du jour..
👉Enfin, la décomposition du bois morts au sol favorise grâce à son humidité les champignons lignivores et certaines mousses, alimentant l’extension du réseau mycorhizien dont la symbiose entre les espèces végétales est tout à fait incroyable et irremplaçable.
👉Cette humidité sera très appréciées des amphibiens (tritons, grenouilles, crapauds) et leurs garde-manger est en plus sur place.
Pour résumer :
👉Le bois mort nourri une faune immense, en se décomposant, les différentes couches de l’arbre attirent la faune à toute les échelles : champignons et bactéries, puis les arthropodes qui les mange, les invertébrés qui à leur tour vont attirer leurs prédateurs qui dépendent étroitement d’eux pour se nourrir : oiseaux, reptiles, amphibiens et mammifères…
👉Le bois mort fourni des cavités dont dépend étroitement la faune pour se reproduire, se nourrir, se reposer, se cacher, hiberner.
👉Tout type de bois mort est à favoriser : du petit tas de branchette coupées/tombées au vieillissant chêne de votre haie laissant tomber des branches mortes de temps en temps jusqu’à votre pommier mort au sein du verger toujours debout.
👉La vie renaît de la mort, cette dernière n’étant qu’une simple étape dans le processus de pérennisation des espèces et de leurs écosystèmes.
Que peut on faire ?
👉Dans notre article précédent on a vu que le bois mort, tombé, élagué ou taillé, pouvait être réutilisé et abrité de nouveau la vie sauvage en créant une haie sèche.
👉A minima un tas de branches, de bois (ou plusieurs tas de différents diamètres de bois et à différentes expositions) auront de nombreux visiteurs et joueront certains des rôles cités ci dessus.
👉Mais cela est également vrai sans même évacuer/déplacer le bois tombé, comme vu précédemment, il est crucial de le laisser se décomposer au sol afin de profiter à tout un cortège d’espèce et préparer un nouveau sol par sa décomposition, plus enrichi par cette apport d’humus.
👉Si l’arbre est mort sur pied et n’est pas encore tombé, gardez le, il peut durer des années debout et attirera également bien d’autres espèces et sa verticalité offrira des refuges hors d’accès représentant des lieux de choix pour hiberner, se reproduire, se réfugier.
👉Si l’arbre mort est situé à proximité d’une bâtisse et vous craignez pour votre toiture, il existe une solution avant de le raser à blanc. Faites en un têtard/trogne et il abritera encore de nombreuses espèces et fera un lieu de surprise pour vos prochaines observations.
👉Il convient de prendre conscience que de nombreuses espèces aujourd’hui protégées par notre code de l’environnement, sont associées aux arbres à cavités et au bois mort. La destruction volontaire de cet habitat de ces espèces est donc interdite, en ce qu’elle remet en cause la bonne réalisation de leurs cycles biologiques (art. L411-1 du code de l’environnement et arrêtés de protection des espèces).
👉Il est temps d’agir à notre échelle depuis nos jardins et ainsi enrayer le déclin des espèces protégées et s’offrant du même coup un magnifique spectacle quotidien avec un jardin vivant et plein de surprises!
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