Un nouveau butineur incroyable du jardin, le connaissez-vous ?
PermaFaune continue de vous présenter les premiers butineurs de la saison que vous pouvez observer au jardin.
Après l’Aurore, Le moro Sphinx, le Bourdon terrestre et le Bourdon des Prés, aujourd’hui, ce n’est pas un papillon, ni un bourdon à qui il pourrait ressembler mais bien un diptère :
👉Le Grand Bombyle, Bombylius major

En effet ses poils denses et sa couleur brune pourraient faire penser à un bourdon, mais ses yeux globuleux comme ceux des mouches et ses ailes trahissent l’appartenance aux diptères :
On pense souvent que les diptères ne possèdent qu’une seule paire d’ailes. En réalité, ils en ont bien 4 mais l’évolution a transformée les secondes paires d’ailes en « balanciers« , qui vont servir pour équilibrer et stabiliser le vol. Ce qui a facilité cette erreur commune est le fait qu’elles ne se voient pas, étant cachés dans la pilosité.
Le grand Bombyle est d’ailleurs particulièrement poilu, ce qui sert souvent aux pollinisateurs (comme les bourdons) pour recueillir le pollen des fleurs (malgré eux) ; mais le Grand bombyle lui, est un piètre pollinisateur !
Pourtant c’est bien un butineur, il prélève le nectar dans les corolles des fleurs (Ici sur un lamier-photo 1) mais comme il le fait à l’aide d’une longue trompe (comme le moro sphinx) il ne dissémine pas le pollen de la fleur précédente. Du moins pas beaucoup, ses poils trahissent sa stratégie d’évitement et parviennent à faire voyager quelques prélèvements.
Sa longue trompe nous fait penser à celle du Moro Sphinx, et à la même utilité.
C’est particulièrement unique pour un diptère que de se spécialiser et de ne consommer que du nectar.
Ils ont également en commun la capacité à voler en stationnaire pour butiner. Encore deux beaux exemples de convergences évolutives : colibri, moro sphinx, grand bombyle…
Le Grand Bombyle, malgré son nom, demeure plus petit avec ces 1,3 cm de moyenne
Il est néanmoins heureusement plus facile à observer que le Moro Sphinx car le grand bombyle va parfois s’arrêter et se poser sur ces pattes particulièrement longue pendant des phases de repos

Faits étonnants :
Le bombyle utilise le parasitisme pour se reproduire :
👉La femelle va « ramasser » du sable/terre en plantant plusieurs fois son abdomen dans le sol poussiéreux , afin d’enrober, dissimuler et protéger ses œufs, puis elle part à la recherche d’une galerie sous terraine d’hyménoptères, souvent des abeilles sauvages comme les Andrènes ou parfois les bourdons (Bombus).
👉Une fois l’entrée de la galerie repérée, elle va voler au dessus puis lâcher sa boule de terre contenant ses œuf en plein vol, celle ci va tombé proche de l’entrée voir dans la galerie.
Les larves, étant ensevelies, passent donc inaperçu pour l’abeille sauvage qui entre et alimente sa galerie.
👉Ensuite « Les jeunes larves gagnent le nid, muent en larves peu mobiles et vivent d’abord des réserves alimentaires des abeilles » (1) Puis finalement elles se tournent vers les larves des abeilles, et, à l’aide de leurs mandibules acérées, s’en nourrissent pour grandir.
👉Enfin, pour s’isoler du froid et passer l’hiver, les larves passent au stade de Pupe👉Une fois l’hiver passé, les bombyles devenus imago (stade d’adulte) sortent au mois de mars et s’envolent butiner les premières fleurs.
Comment les aider ?
👉Le Grand Bombyle est d’avantage inféodé aux lisières forestières ensoleillées et aux forêts claires, si votre jardin est à proximité de ce type de milieu vous aurez alors plus de chance de le voir évoluer.
👉Des aménagements favorables peuvent être mis en place pour favoriser son nourrissage et, comme on l’a vu, chercher à favoriser les abeilles sauvages, pourra participer à aider à sa nidification pour les espèces fouisseuses dont certaines andrènes :
Gardons en tête que la meilleure façon d’aider TOUT les butineurs, est de favoriser en premier lieu : les fleurs spontanées.
👉 Ensuite seulement, en complément on peut proposer des fleurs locale mellifères et nectarifères que l’on plante, et autres aromates propices à la vie entomofaune.
👉Nos insectes locaux sont en coévolution depuis des milliers d’années avec nos plantes locales, pas avec les plantes que l’on achète en jardinerie venant des régions et pays voisins, voir de l’autre bout du monde.
👉Favoriser une prairie fleurie de vivaces : achillées millefeuille, bouton d’or, carotte sauvage, gaillet jaune, coronille variée, centaurée scabieuse, sauge des prés, millepertuis, trèfles etc
👉Créons une zone sauvage au jardin zone sauvage, de la zone d’herbes hautes, de laisser les feuilles mortes au sol et l’importance de la circulation au jardin, pour ne pas piétiner ce genre d’espèce inutilement.
👉Mettre de l’eau à disposition : mare, bassin, coupelles d’eau peu profondes, avec des zones favorisant l’accès et la sortie / veillez à pallier aux risques de noyades
👉Créez, entretenez une zone sableuse ouvertes, un tas de terre, tas de pierre, tas de bois etc
(1) Delachaux et Niestlé – Guide photo des insectes
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