Présentation d’un des pollinisateurs les plus incroyables du jardin !
Le Moro Sphinx (Macroglossum stellatarum)

Commençons fort : Il s’agit d’un des papillons les plus rapides du monde !
Il a été enregistré à 54km/h en vitesse de pointe, on considère qu’il vol à 40km/h fréquemment, ce qui le rend particulièrement difficile à observer avec ses 75 battements d’ailes par secondes. Hallucinant pour un papillon !
Quel bonheur d’apercevoir cette fusée aux lueurs orangées. La nature nous offre une belle dérogation car il fait partie d’une famille de papillons nocturnes, et pourtant ses mœurs à lui son bien diurnes et va ainsi être un précieux pollinisateur.
Vous n’aurez cependant pas le temps de l’observer posé quelque part, car ce papillon ne fait que passer de fleurs en fleurs en ne « s’arrêtant » devant elles qu’en vol stationnaire pour y prélever le nectar.
Cette capacité incroyable vous rappel probablement le colibri, cet oiseau minuscule que l’on retrouve dans nos territoires d’outre-mer, qui agit de même. Mais ce papillon est bien présent en France !
Ces deux espèces ont également la même capacité de voler de manière extrêmement précise et ce dans toutes les directions !
Le colibri aspire le nectar avec son bec, ce papillon s’en nourrit aussi, mais lui avec sa trompe.

D’ailleurs littéralement son nom « macroglossum » signifie grande langue, car cette « trompe » est aussi grande que son corps :3cm chacun !L’évolution l’a doté d’une trompe aussi longue afin d’accéder au nectar au plus profond des corolles de certaines fleurs, inaccessible pour nombres de pollinisateurs, dont nos abeilles domestiques.
Le nombre de fleurs qu’il visite est incroyable et ses capacités spéciales font de ce papillon un super pollinisateur. S’il venait à disparaître il emmènerait avec lui ces plantes qui ont co-évoluées avec ce genre de pollinisation.
Mais quel est le prix à payer pour ces incroyables capacités ?
Tout comme le colibri, ces battements d’ailes incroyablement rapides et ses phases de nourrissage sans se poser, coûtent à ces papillons une dépense en énergie folle…Donc ils doivent d’avantage se nourrir pour y faire face. Donc d’avantage voler et dépenser d’énergie..et vivre ce cercle vicieux à l’infini…
Faits étonnants :
Il fait partie des papillons qui vivent plusieurs mois et certains peuvent même passer l’hiver dans les régions où il est doux avant de reprendre la pollinisation et se reproduire à la belle saison.
Bien que certains soit désormais sédentaires ou migrateurs partiels, on retrouve des individus réalisant toujours des migrations allant jusqu’à 3000km en descendant jusqu’au Maghreb pour obtenir des températures plus favorables l’hiver. D’autres hivernants français remontent jusqu’en Suède à la belle saison. Pour des organismes de quelques cm je trouve ça tout à fait incroyable !
Comment les aider / les avoir au jardin?
Le réflexe à avoir, quand on pense aux papillons est de garder en tête :
Chaque plante sauvage à son ou ses papillons
(Vous pouvez remplacer cette phrase par « chaque mauvaise herbe à son/ses papillons » )
On appelle cela des plantes « hôtes », c’est à dire sur laquelle il va pondre et sur laquelle la chenille va se développer, et ainsi la proposer au jardin :
-Pour le Moro Sphinx il s’agit des Gaillets : le blanc, le jaune, ou encore le « gratteron » de la famille des Rubiacées. Vous savez c’est cette plante qu’on a longtemps appelée « caille-lait » puis on s’est rendu compte qu’elle n’avait finalement pas cette propriété ! Mais bien d’autres (voir plus bas)

-La garance sauvage (dite « voyageuse ») et les stellaires (mourrons des oiseaux) de la famille des Caryophyllaceae sont aussi des plantes précieuses pour la chenille du Moro Sphinx !

Vous pouvez également aider au stade suivant : la nymphose (passage de l’état de larve à l’état de nymphe)Il aura lieu à même le sol ou dans un tas de feuilles mortes.
Cela révèle donc l’importance de la zone sauvage, de la zone d’herbes hautes, de laisser les feuilles mortes au sol et l’importance de la circulation au jardin, pour ne pas piétiner ce genre d’espèce inutilement.
Enfin on peut l’aider au stade adulte (imago), donc au stade de papillon, en lui proposant des ressources en nourriture :
Pour voir ce papillon (et de nombreux autres) arriver dans nos jardins, et lui donner une chance de rester est de laisser une place aux fleurs locales spontanées qui poussent dans vos jardins !
Gardons en tête que la meilleure façon d’aider tous les butineurs, est de favoriser en premier lieu : les fleurs spontanées.
Nos insectes locaux sont en co-évolution depuis des milliers d’années avec nos plantes locales, pas avec les plantes que l’on achète en jardinerie venant des régions et pays voisins, voir de l’autre bout du monde.
En Provence, dans un de nos refuge PermaFaune, c’est dans les lavandes en fleurs qu’on le retrouve chaque année ! Vous pouvez soufflez à votre voisin qu’il a un faible pour les fleurs violettes !
En plus de rendre service à se papillon en plantant des Gaillets, sachez qu’ils se mange : tige feuilles et fruits (cf chemin de la nature)en aromates, salades, soupes et représentent de nombreux avantages en aromathérapie (dépuratif, diurétique, sudorifique, antispasmodique, Soulage migraines, troubles du sommeil, stimule la digestion, cicatrisant…)
⚠ Une espèce très ressemblante est le Sphinx Gazé, qui lui est inféodé aux chèvrefeuilles, une idée de plus de plantation au jardin pour augmenter la diversité 😉
Pour en savoir + : N° 86, de « la Hulotte »
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