Présentation d’un de nos serpents les plus communs en France, le connaissez vous ?
Natrix Natrix : la couleuvre à collier
👉Une de nos photographes partenaires, @charlotte bailly, a observé cette magnifique couleuvre totalement inoffensive il y a quelques jours.
👉Symbole de la fin de sa période d’hibernation où elle a passé ce cycle de sa vie ralentie dans le sol, sous des pierres ou sous des souches, protégées des variations de températures et des prédateurs.
On retrouve d’ailleurs souvent plusieurs couleuvres qui hivernent ensemble, leurs densités corporelles mises ensemble permettant d’améliorer la thermorégulation pendant cette période de grands froids.
👉Maintenant sortie de la phase d’hibernation, va alors commencer pour elle la période de nourrissage et d’accouplement qui se fait généralement fin avril (une deuxième phase aura lieu au début de l’été).
Certains chanceux pourront même observer des « boules » de serpents à cette période, correspondant à plusieurs mâles tentant d’obtenir les grâces d’une femelle.
Quand on observe ce que mange cette couleuvre, on comprend également pourquoi elle redevient active à cette période :
Que mange t’elle ?
👉Elle est spécialiste des vertébrés aquatiques, les amphibiens représentant la grande majorité de son régime : grenouilles, crapaud, tritons, mais aussi des poissons. Elle ne refuse pas pour autant un lézard ou un micro mammifère imprudent.
👉Au menu pour les jeunes couleuvres : Tétards, larves et petits poissons, le temps d’avoir une bouche suffisement grande pour augmenter la taille des proies.
👉Et le printemps est le moment où tous les amphibiens se retrouvent dans les milieux aquatiques pour la période de reproduction : autrement dit, la meilleure période pour cette couleuvre pour en trouver par dizaines, centaines au même endroit !
Pourtant, elle ne sera pas si gourmande, si la pêche a été bonne, elle peut rester sans manger pendant une vingtaine de jour, elle peut même jeûner pendant plusieurs mois.
Où la trouver ?
On retrouve ce serpent, sur l’ensemble du territoire français, jusqu’à 2000m d’altitude.
Son régime alimentaire nous indique les lieux où l’observer.
👉Bien qu’elle fréquente toutes sortes de milieux, on la trouvera souvent dans les milieux aquatiques, surtout les jeunes individus pour leur consommation de têtards.
👉L’évolution l’a rendue semi-aquatique, ce qui explique son régime alimentaire.Elle peut donc nager (en ondulant à la surface, la tête relevée hors de l’eau) à la recherche de ses proies.
👉Mieux encore ! Elle est capable de plonger, et même de faire des apnées jusqu’à 15minutes sous l’eau !
👉Mais nous avons vu qu’on retrouve ce serpent partout en France et même en altitude, c’est bien qu’il a su s’adapter notamment avec la disparition drastique des zones humides (environs 80% ont disparues) mais surtout, cela traduit le mode de vie des amphibiens qui n’est pas autant aquatique qu’on le pense. En effet beaucoup sont terrestres en dehors de la période de reproduction !
👉On retrouve donc ce serpent même en milieu sec, et ses pérégrinations dépendent étroitement de l’entretien de nos milieux bocagers forêts à clairières, causses, landes, tourbières, massifs broussailleux, talus routiers etc…
Mais au fait, comment la reconnaît t’on ?

👉C’est avant tout une couleuvre de grande taille, pouvant aller jusqu’à 1m60 pour les femelles, qui sont plus grandes que les mâles. Eux ne dépassent pas 1m10. En réalité même les femelles dépassent rarement 1m40.
👉Ce qui aide à la reconnaître, c’est son collier noir à l’arrière de la tête, précédé d’un collier blanc, jaune (voir orange chez les juvéniles), qui lui a valu son nom.
👉Ici on peut en déduire qu’il s’agit d’un individus pas très âgé car le collier est encore bien marqué, mais pas juvéniles car la couleur serait plus vive.En effet à mesure que le serpent prend de l’âge, le collier se dissipe voir disparaît même, surtout chez les femelles.
Pour le reste la couleur du corps est changeante souvent avec des taches noires-brunes, le ventre lui est bicolore, avec des zones noires et blanches à l’image d’un damier. La queue est longue et effilée, comme chez les autres couleuvres, ce qui est un critère d’identification par rapport aux vipères notamment.
PS : il existe 5 sous espèces de Natrix Natrix, on ne développera pas ici les différences, ce qui ferait l’objet d’un article à lui seul. Mais les critères ci dessus ne correspondent qu’à la sous espèce ici concernée : Helvetica
👉Connaissez vous les autres critères qui permettent de déterminer s’il s’agit d’une vipère ou d’une couleuvre ?
Les pupilles sont rondes chez les couleuvres alors que celle de la vipère est en fente verticale comme les chats.C’est le critère principal, qui est infaillible. Pour les autres critères RDV dans un prochain article spécifique !
Faits étonnants :
Privée de glande à venin, elle se défend à l’aide d’une technique très particulière :
Elle va faire la morte, se retournant ventre face au ciel, la bouche ouverte, voir même la langue sortie, et elle va vider son « cloaque » pour laisser sortir un contenu des plus malodorants faisant croire aux prédateurs qu’elle est morte depuis un certain temps, dissuadant alors tout les prédateurs non nécrophage !
Dans une moindres mesure elle peut simplement simuler des coups de tête ou émettre un liquide de la même odeur pour repousser l’ennemi, sans la mise en scène totale.
Menaces & Protection
L’intensification des pratiques agricoles, l’utilisation d’intrants et de biocides la destruction des bocages, l’assechement des marais, tourbières et raréfaction des autres zones humides, la circulation routière et la destruction de zones propices à la reproduction représentent des pressions énormes pour la pérennité des amphibiens, et donc de ce serpent. Elle est d’ailleurs de ce fait considérée comme d’avantage menacé que la couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus) ou que la couleuvre vipérine (N. maura).
Elle est classée espèce protégée
Que peux t’on faire ?
👉Lui proposer des aires de repos favorables, pour l’hibernation ou la digestion : fissure dans un mur, trou de rongeur, souche, cave, tas de bois
👉Lui proposer des lieux favorables à la nidification : des tas dematériaux organiques en décomposition (compost, fumier, sciures, foin)
👉Lui proposer des lieux de chasse : créer une mare au jardin, un bassin, favorable à la présence d’amphibiens, ce qui induit des aménagements au jardin propices à la présence de nombreux insectes.
👉Créer des zones propices à la thermorégulation : tas de pierre, muret en pierres sèches, tas de terre, ardoises, tuiles etc..
👉Créer des corridors écologiques, zones de circulation de la faune au jardin pour lui permettre de se déplacer en sécurité.
👉Ne pas manipuler, ne pas blesser ou tué
👉Sensibiliser sur le fait qu’il s’agit d’un serpent totalement inoffensif et protégé par la loi
👉Sensibiliser, ouvrir le dialogue concernant la protection de ses habitats
Sources :
Atlas des reptiles et amphibiens de France
https://www.serpentsdefrance.fr
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000017876248/
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